Who wants to live forever ?
Au fil des décennies, les séries comiques ont su se faire une place de choix dans le monde de la télévision : Friends, The Big Bang Theory ou encore How I Met Your Mother font partie, encore aujourd’hui, des comédies les plus regardées et les plus appréciées des sériephiles. Depuis le milieu des années 2010, ce genre si prompt à la détente et à la rigolade n’a pourtant plus le vent en poupe. Rares sont désormais les séries comiques à naître sur nos petits écrans et les rires ont bel et bien déserté les salons des téléspectateurs. Comment redonner vie à ce genre populaire qui semble de plus en plus tomber en désuétude ? Comment reconquérir un public qui ne demande plus que profondeur et spectaculaire et semble se détourner de toute légèreté ? Avec The Good Place, Michael Schur réussit le pari d’allier force comique, inventivité visuelle et réflexion existentielle, pour une comédie moderne et décomplexée sur la vie après la mort.
Durant ses quatre saisons, The Good Place déploie toute une architecture pour construire et explorer pleinement sa vision unique de l’Au-delà. Après un comptage de points minutieux, établi sur les bonnes actions effectuées sur Terre, le « Bon Endroit » reçoit les humains ayant eu un comportement exemplaire, tandis qu’au « Mauvais Endroit », les démons torturent volontiers les immoraux et les dépravés. Grâce à de nombreux effets spéciaux et des gags visuels particulièrement ingénieux, la série nous emmène également à « L’Endroit du Milieu », où ne réside qu’une seule personne « moyenne », ni bonne ni mauvaise, dans le bureau des architectes, chargés de créer des quartiers originaux pour les nouveaux résidents, dans le cabinet de la Juge, gérante des cas inhabituels, dans un vide intersidéral ou à un carrefour inter-dimensionnel, mais aussi sur Terre, à travers quelques flash-back ou lors d’expériences pour le moins déroutantes.
Dans cet univers complètement décalé et original, nous faisons la connaissance d’Eleanor, Chidi, Tahani et Jason, quatre humains qui viennent d’être envoyés au Bon Endroit. Très vite, leur cohabitation va s’avérer rocambolesque et problématique : chacun, avec son caractère bien trempé, son égoïsme, sa prétention ou son indécision, fera vivre un véritable enfer aux autres. Quelque chose cloche définitivement dans cet afterlife censé être idyllique, et les quatre acolytes devront surpasser leurs défauts pour se soutenir mutuellement, accompagnés par Michael, l’architecte de leur quartier, et Janet, une sorte d’être supérieur qui détient toutes les connaissances de l’univers. La force comique de la série réside bel et bien dans cette petite troupe totalement improbable (portée par des acteurs tous géniaux), parfois agaçante mais infiniment attachante, qui y va gaiement de name-dropping en clins d’œil pop, de punch line en déclaration d’amour, dans une effervescence et un enthousiasme toujours revigorants.
Si la série paraît au premier abord désordonnée et vertigineuse, tant sur la forme que sur le fond, elle fait pourtant montre d’une grande virtuosité, et ce jusque dans son épisode final. Derrière ses apparats colorés, ses dialogues pétillants et son énergie communicative, The Good Place est en réalité une réflexion profonde sur le sens de la vie. Ancien professeur de philosophie, Chidi se donne pour mission d’enseigner l’éthique à ses camarades, dans l’espoir de les voir devenir meilleurs. Dans cette guerre du Bien et du Mal, la série convoque Kant, Kierkegaard et Aristote, pour soulever des questions morales et existentielles : que faut-il accomplir pour être une bonne personne ? Une mauvaise personne peut-elle devenir meilleure ? Peut-on surpasser notre nature ou sommes-nous condamnés par nos actes passés ? Autant d’interrogations essentielles qui donnent à la série un relief particulier et une profondeur inattendue.
Grâce à un humour hyper-référencé, une imagination débordante et un propos intelligent, The Good Place a su s’imposer sur le plan de la comédie tout en se hissant à la hauteur de ces grandes séries qui portent un regard lucide sur nos sociétés actuelles. Dans un final nostalgique et parfaitement maîtrisé, la série expose tout son humanisme en nous rappelant que le monde d’aujourd’hui est un endroit complexe, dans lequel il est extrêmement difficile de faire les bons choix, et que les seuls remèdes au chaos ambiant sont l’entraide, la bienveillance et la confiance en son prochain. Par sa vision du monde jamais pessimiste et ses personnages aux failles proches des nôtres, The Good Place aura été bien plus qu’une parenthèse ensoleillée dans nos vies de sériephiles : elle fait désormais partie de ces programmes indispensables, ceux que l’on revoit avec un plaisir et une tendresse immenses, pour faire le plein de bonne humeur, d’optimisme et d’humanité.
Ils ont surtout fait appelle à de vrais philosophes d’éthique et morale pour créer le perso du super prof de philo!!!! Enfin non y a pas que ça, j’ai aimé la première saison, la dernière un peu moins, trop lourde et longue.
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Très bonne série. Je suis fan !
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Bonsoir Émilie, quelle jolie chronique qui me fait découvrir une série et qui me donne envie de la regarder. En plus j’ai vu qu’elle passait sur Netflix. Je te fais confiance, un retour aussi positif de ta part est un gage de qualité pour moi. « The Good Place » fera partie de ma sélection Netflix à voir. Je te souhaite une excellente soirée Émilie ! Toujours aussi agréable de te lire et d’échanger ensemble, merci 😊
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Merci beaucoup pour ton commentaire Frédéric ! C’est vraiment une belle série, drôle, inventive et philosophique. Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à m’y plonger la première fois, mais un deuxième essai a été salvateur ! Je suis curieuse de connaître ton ressenti, Frédéric, j’espère que ça te plaira ! À bientôt pour de nouveaux échanges ! 😊
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