Mes coups de cœur de l’année 2019

La fin d’année approche à grands pas, l’heure des bilans a donc sonné. Riche en découvertes et en sensations, mon année 2019 s’est quelque peu détournée du cinéma pour s’intéresser de plus près aux séries télévisées et à la littérature. Les œuvres ci-dessous sont donc diverses et variées, mais les sujets qui me passionnent restent inchangés : la protection de la planète, les héroïnes qui ont du caractère, l’anticonformisme de la pensée, la poésie du quotidien. Puisque la hiérarchisation de la culture n’a pas lieu d’être, c’est un joyeux mélange des genres et des supports que je vous offre pour mon dernier article de l’année. Bonnes fêtes à tous et bonne lecture !


Quatre œuvres lucides sur notre société actuelle, pour redéfinir notre avenir commun :

Sirius ~ Stéphane Servant : Qui a dit que la littérature jeunesse n’avait rien à dire sur notre monde ? Avec ce récit post-apocalyptique empreint de poésie et d’espoir, Stéphane Servant nous pousse à reconsidérer notre rapport à la nature et à nos semblables. À travers les aventures d’Avril et de Kid, deux enfants livrés à eux-mêmes en pleine forêt, Sirius nous embarque sur une Terre décimée par la cupidité humaine, où l’innocence, la sécurité et l’amour n’ont plus droit de cité. Dans des chapitres à rebours emplis de mystère, l’auteur met en scène la fin du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui, pour nous mener vers une renaissance où les humains, les animaux, les arbres et les constellations pourront enfin vivre en harmonie. Avec ce roman de science-fiction captivant, envoûtant et complexe, Stéphane Servant nous livre sûrement l’une des plus belles œuvres jamais écrites sur l’écologie, la symbiose entre les êtres vivants et la place de l’Homme sur la planète.

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Notre Planète ~ Alastair Fothergill et Keith Scholey : Avec ses images éblouissantes de rareté, son regard essentiel sur notre environnement vital et son discours non dénué d’enthousiasme quant à notre avenir commun, Notre Planète est sans conteste la production audiovisuelle la plus importante de notre temps. Une série merveilleuse qui revêt déjà une valeur d’archive, et qui deviendra peut-être le dernier vestige de la vie sur Terre telle qu’elle était autrefois, l’ultime témoin de ce que nous n’avons pas su préserver.

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Les Raisins de la colère ~ John Steinbeck : Dans cette odyssée du désespoir, Steinbeck explore les tréfonds d’une Amérique bouleversée par l’industrialisation. Durant la Grande Dépression, la famille Joad, paysans de père en fils, se voit arrachée à sa terre, forcée à l’exode rural et plongée dans la misère la plus totale. À travers les rouages d’une profonde mutation de la société, Steinbeck cristallise la naissance d’un monde où tout s’achète et où les plus pauvres sont jetés en pâture pour quelques centimes. Tandis que leurs semblables ont déjà vendu leur âme au diable, les plus démunis tentent de préserver leur dignité et de perpétuer l’entraide, comme en témoigne un final empli d’humanité. Publiée il y a tout juste quatre-vingts ans, cette oeuvre résonne pourtant encore dans nos sociétés contemporaines, toujours troublées par les inégalités sociales et la course au progrès. N’est-ce pas là le signe distinctif des plus grands chefs-d’oeuvre de tous les temps ?

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Parasite ~ Bong Joon-ho : Dans ce film qui transpire de contemporanéité, Bong Joon-ho exorcise tous les démons actuels de la Corée du Sud dans une lutte des classes sans merci. Grâce à une mise en scène brillante, des ambiances parfaitement maîtrisées et un humour incroyablement caustique, Parasite devient une immense fable politique, acide et radicale, qui n’oublie pas pour autant de miser sur l’humain dans un final déchirant. Une Palme d’or incontestable, pour ce film devenu le symbole effrayant et flamboyant de son époque, la nôtre.

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Quatre œuvres aux héroïnes inspirantes et inoubliables, pour s’affirmer et prendre sa vie en mains :

Veronica Mars ~ Rob Thomas : Véritable héroïne des années 2000, Veronica Mars n’a pas cessé d’être un modèle pour toutes les femmes d’aujourd’hui. Forte, courageuse, déterminée, la jeune fille ne manque jamais d’aider ses proches en rétablissant la justice grâce à sa perspicacité et son sens de la répartie. Au fil des épisodes, Veronica affirme ses talents de détective, à travers de multiples petites enquêtes lycéennes ou en aidant son père Keith dans des affaires criminelles plus importantes. En plus de ses personnages attachants, de ses acteurs charismatiques et de ses événements plaisants à suivre, la série ne manque pas d’aborder des sujets encore brûlants d’actualité, tels que la lutte des classes, le harcèlement scolaire ou les violences faites aux femmes. De retour cette année pour un revival qui divise beaucoup les fans, Veronica Mars reste pourtant l’un des programmes les plus intelligents et les plus modernes sur ce qu’est l’adolescence et la vie en général.

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Tu mérites un amour ~ Hafsia Herzi : Pour sa toute première réalisation, Hafsia Herzi nous livre un film débordant d’amour, de vie et de générosité. À travers le destin brisé de Lila, la jeune actrice-réalisatrice explore l’amour sous toutes ses coutures, en oscillant constamment entre légèreté et mélancolie, entre un humour à l’état brut et une sentimentalité à fleur de peau dévastatrice. Une oeuvre vibrante, lumineuse, torturée, intimiste et profondément touchante, à ressentir pleinement.

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Lou ! ~ Julien Neel : Dans cette série de bandes-dessinées emplie de tendresse et de drôlerie, Julien Neel nous embarque dans le monde de Lou, une adorable petite fille que nous suivons de son enfance à son entrée dans la vie adulte. Accompagnée de sa mère fan de science-fiction, de son chat et de sa meilleure amie Mina, Lou devra traverser de nombreuses épreuves ordinaires, comme ses vacances chez sa grand-mère dans le petit village de Mortebouse, les affres de l’adolescence ou encore ses indécisions amoureuses, entre son voisin Tristan et son ami Paul, poète dans l’âme. À travers huit tomes tous plus réussis les uns que les autres, ce sont de merveilleuses petites tranches de vie qui nous sont données à savourer, le quotidien dans son plus simple appareil, entre petits riens et vrais bonheurs.

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Crazy Ex-Girlfriend (saison 4) ~ Rachel Bloom : Dans cette quatrième saison, Rebecca est plus que jamais confrontée à ses choix amoureux et professionnels. Elle se lance alors dans une introspection parfois douloureuse, pour savoir enfin ce qui la rend réellement heureuse. Avec ses personnages profondément humains (mention spéciale à Nathaniel, grand handicapé émotionnel), ses chansons parodiques hilarantes et un final très réussi qui prône l’accomplissement de soi, Crazy Ex-Girlfriend s’affirme comme l’une des plus grandes séries féminines de ces dernières années.


Trois œuvres qui dérangent, pour échapper au consensus et à l’uniformisation des goûts :

White ~ Bret Easton Ellis : Avec ses romans controversés American Psycho, Glamorama et Moins que zéro, Bret Easton Ellis est devenu une figure incontournable de la littérature américaine. Le voici de retour, plus en forme que jamais, avec un essai littéraire non identifié intitulé White. Dans cet ouvrage politiquement incorrect, sincère, narcissique, savoureux, irritant, cinéphile et incroyablement lucide sur notre époque, l’auteur évoque sa vie personnelle, ses dîners mondains, ses souvenirs d’enfance et ses goûts artistiques pour mieux analyser le monde d’aujourd’hui. De la surexposition médiatique de Donald Trump à la victimisation de soi des millennials, en passant par ce constat terrible que l’idéologie (notamment de gauche) a fini par dévorer tout concept artistique, Bret Easton Ellis passe au peigne fin tous les travers d’un temps gouverné par une nouvelle génération moralisatrice, par la suprématie des réseaux sociaux et par une bien-pensance généralisée. Un livre provocateur mais profondément juste, qui ne manque pas de s’élever contre le conformisme et l’hystérie qui se sont emparés de nos esprits contemporains.

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Right Now ~ Aziz Ansari : Dans ce one-man-show drôle et intimiste, Aziz Ansari fait son grand retour sur les écrans, deux ans après avoir été accusé de harcèlement sexuel. L’occasion pour lui d’évoquer son parcours avec beaucoup d’autodérision et de mélancolie, mais aussi d’analyser avec une grande lucidité notre époque actuelle, régie par le politiquement correct, gouvernée par la bonne conscience collective et aveuglée par les réseaux sociaux, nouveaux tribunaux de fortune.

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Mektoub my Love : Intermezzo ~ Abdellatif Kechiche : Après avoir reçu la Palme d’or pour La Vie d’Adèle en 2013, Abdellatif Kechiche revient secouer le Festival de Cannes, en présentant le deuxième volet de ce qui devrait être un triptyque, Mektoub My Love : Intermezzo. Dans cet intermède musical aux atours naturalistes, Kechiche enferme ses acteurs et ses spectateurs pendant plus de trois heures en boîte de nuit, les rend ivres d’alcool, de musique et de désir, les filme et les captive jusqu’à l’épuisement. Le film transpire d’audace, de provocation, de sensualité et d’impertinence, l’expérience est radicale, éprouvante, unique. Dans cet ultime moment d’insouciance, dans ce lieu infernal coupé du monde et du temps, Kechiche offre à ses personnages une dernière danse, avant qu’ils ne rejoignent le monde des adultes, où les attendent travail, études et mariage. En explosant tous les carcans de l’expérience spectatorielle, Kechiche nous livre ici une sublime proposition de cinéma, ainsi qu’une véritable déclaration d’amour à la jeunesse et aux corps qui vibrent à l’unisson.


Trois œuvres qui s’inspirent du quotidien pour poétiser et réenchanter le monde :

Divinely Uninspired to a Hellish Extent ~ Lewis Capaldi : Des mélodies envoûtantes, une voix puissante et rocailleuse, des paroles qui appellent à la mélancolie… Comment ne pas tomber sous le charme de Lewis Capaldi, nouveau phénomène musical planétaire ? Dès les premières notes de Someone You Loved, chanson qui fait déjà le tour de nos ondes françaises, Lewis Capaldi nous ensorcelle pour ne plus nous lâcher. Alternant les ballades au piano ou à la guitare et les titres plus dynamiques, le chanteur écossais aborde avec une pure sincérité les affres de la rupture amoureuse, du sentiment d’abandon qui en découle à la nostalgie des moments passés ensemble. Les plus beaux titres de l’album, Bruises, Someone You Loved, Hold Me While You Wait et Forever, ne manqueront d’ailleurs pas de faire de Lewis Capaldi la nouvelle figure de proue de la pop britannique.

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J’ai perdu mon corps ~ Jérémy Clapin : Mêlant subtilement le prosaïque à l’extraordinaire, J’ai perdu mon corps est une véritable merveille d’animation, sensorielle et sensuelle, qui s’adresse directement à notre mémoire corporelle. Dans cette oeuvre lyrique et romantique qui se laisse doucement envahir par la mélancolie, Jérémy Clapin nous prouve que le cinéma d’animation restera éternellement une expérience unique, capable de faire frémir tous les épidermes.

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Toute une vie et un soir ~ Anne Griffin : Dans ce roman d’une sublime simplicité, Anne Griffin nous invite à suivre le récit de vie de Maurice Hannigan, papi grincheux et attachant arrivé au crépuscule de son existence. À travers cinq parties toutes plus émouvantes les unes que les autres, Maurice décide de porter un toast aux personnes qui ont le plus marqué son parcours. Dans ces morceaux de passé, ce sont toutes les joies, les peines, les regrets, les doutes et les espoirs d’une existence entière qui s’expriment. Ce voyage dans le temps nous embarque également en plein folklore de l’Irlande rurale, avec son lot de bières et de whisky, un côté bourru mais infiniment tendre, des pauses thé, une histoire paysanne fascinante et un amour profond des choses simples. Avec beaucoup d’humour et de sensibilité ainsi qu’une nostalgie universelle, Anne Griffin parvient à donner vie à ce sacré Maurice, que l’on croit connaître depuis toujours, et que nous n’oublierons jamais plus. Slainte !

4 réflexions sur « Mes coups de cœur de l’année 2019 »

  1. Palmarès cinématographique 2019

    Evidemment, pas simple, comme à chaque fois. Sur les 94 films vus, je n’en retiens que 20, mais beaucoup auraient pu figurer!
    Comme à chaque fois, ordre alphabétique:

    Ceux qui travaillent

    Compañeros

    Douleur et gloire

    Gloria Mundi

    Grâce à Dieu

    It Must Be Heaven

    J’accuse

    J’ai perdu mon corps

    La Fameuse invasion des ours en Sicile

    Le Daim

    Le Traître

    Les Eblouis

    Les Hirondelles de Kaboul

    Les Invisibles

    Les Oiseaux de passage

    My Beautiful Boy

    Once Upon a Time…in Hollywood

    Parasite

    Roubaix une lumière

    Sorry We Missed You

    J’aime

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