Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas et l’hiver n’a pas l’air bien décidé à pointer le bout de son nez. Les températures sont encore douces, les arbres n’ont pas fini d’afficher leurs couleurs éclatantes et la neige est désormais devenue d’une rareté inquiétante. Au milieu d’un monde en perte de repères, il nous reste heureusement une valeur sûre : le film d’animation. Car même si l’on ne croit plus au Père Noël et que les douze coups de minuit ne sont plus pour nous synonyme d’impatience et d’enchantement, le film d’animation reste un cadeau merveilleux que nombre d’adultes peuvent s’offrir, non seulement pour le plaisir de retomber en enfance, mais aussi pour pouvoir regarder d’un œil plus doux les écueils de notre réalité. Dans cette liste non exhaustive, peluches poilues, jeunes filles déterminées et monstres gentils viennent illuminer notre quotidien pour mieux le réinventer. Pour partir à la rencontre de ces êtres animés, rien de mieux que de s’emmitoufler dans une couverture bien chaude, une tasse de verveine à la main, et d’ouvrir bien grand son esprit aux merveilles de l’imaginaire.
Mon Voisin Totoro
On ne compte plus les chefs-d’oeuvre d’Hayao Miyazaki, grand maître du cinéma d’animation japonais. Parmi eux, Mon Voisin Totoro est sûrement devenu le plus emblématique de tous, notamment grâce au physique de gros nounours de son protagoniste fantastique. Pourtant, Mon Voisin Totoro n’est pas qu’un joli film pour enfants. En plus de mettre en valeur un Japon rural où les êtres humains vivent en harmonie avec la nature, le film prône surtout les pouvoirs de l’imagination face aux ténèbres de la vie. Impuissantes devant la maladie de leur maman et l’absence de leur père pris par ses occupations professionnelles, les jeunes Mei et Satsuki s’inventent un monde plus doux, inspiré des contes de leur enfance, dans lesquels les esprits de la forêt – les totoros, les noiraudes et le chat-bus – deviennent de véritables parents de substitution. Empreint d’une mélancolie vaporeuse et d’une noirceur quasiment indécelable, Mon Voisin Totoro est un chant d’amour à Mère Nature couplé d’une magnifique ode à l’enfance, dans tout ce qu’elle a de naïf, de dramatique et de fabuleux.
La Reine des neiges
Avec ses décors glacés et son ambiance féerique, La Reine des neiges est rapidement devenu la référence incontournable en matière de film de Noël. Si on lui pardonne difficilement ses nombreuses chansons aux paroles souvent niaises, force est de constater que cet énième film de princesse Disney a de l’originalité à revendre. Ici, les bonshommes de neige rêvent de vivre au soleil, les princes charmants sont avides de pouvoir et surtout, les princesses, en plus de se revendiquer libérées et délivrées, sont des femmes de caractère. Derrière ses graphismes somptueux et ses gags enfantins, La Reine des neiges modernise ses propres stéréotypes de représentation, bouleverse les codes de la romance disneyienne en privilégiant le lien familial au sentiment amoureux et enterre définitivement l’image archaïque de la princesse passive et soumise au bon vouloir des hommes. Grâce à ce voyage rafraîchissant au royaume d’Arendelle, la fameuse réplique « On n’épouse pas un homme qu’on vient à peine de rencontrer » devrait résonner encore longtemps dans le cœur de toutes les petites filles d’aujourd’hui.
Toy Story 3
Avec le premier Toy Story, les studios Pixar ont révolutionné à jamais l’art de l’animation. Images de synthèse à l’appui, John Lasseter et ses camarades ont su redonner tout son sens au cinéma d’animation, en donnant vie aux jouets de notre enfance. Cow-boy fidèle à son propriétaire, dinosaure trouillard, astronaute dans le déni quant à sa condition de jouet, extraterrestres vouant un culte religieux au « Grapin » : tous autant qu’ils sont, ces êtres de plastique parviennent à susciter l’attachement par leurs personnalités et leurs émotions, mais aussi par leurs questionnements existentiels. La peur de l’oubli, angoisse métaphysique et éminemment humaine, vient également tourmenter nos petits personnages. Si cette inquiétude profonde traversait déjà les deux premiers volets, elle trouve son point d’orgue dans le troisième film. Suite au départ d’Andy à l’université, que vont devenir tous ses souvenirs d’enfance, ses compagnons de jeu, ses histoires imaginaires ? Avec une grande justesse, Pixar nous répond par l’un des épilogues les plus déchirants de toute l’histoire du cinéma.
Ernest et Célestine
Véritable artiste complet, Benjamin Renner s’est imposé comme une figure incontournable de la bande dessinée française et du film d’animation. Après Un bébé à livrer et Il faut sauver Noël, deux albums jeunesse à la fois doux et irrévérencieux, c’est avec toujours autant de verve qu’il s’attaque à l’adaptation d’Ernest et Célestine, inspiré par les histoires enfantines de Gabrielle Vincent. Dans cette oeuvre mignonnette aux traits fins et aux couleurs pastel, Benjamin Renner insuffle une modernité inattendue. Ici, les souris et les ours, vivant dans deux mondes bien distincts, entretiennent une haine mutuelle qui semble ancrée dans leurs mœurs respectives. L’espiègle Célestine ne l’entend pourtant pas de cette oreille : contre l’avis de ses semblables, elle compte bien se lier d’amitié avec Ernest, un nounours rustre et fauché qui a pourtant beaucoup d’amour à revendre. En peignant un monde où les clichés ont la vie dure et où les opposés s’attirent, Renner nous livre une fable politique emplie de tolérance, pour mieux redessiner les lignes encore classiques de nos contes pour enfants.
Hilda
Toujours plus éclectique, la plateforme Netflix prouve avec Hilda qu’elle joue décidément sur tous les fronts en s’attaquant désormais à l’animation. Adaptée de la bande dessinée de Luke Pearson (également créateur du programme), la série dépeint les aventures d’Hilda, une petite fille solitaire, intrépide et curieuse, davantage habituée au contact des créatures fantastiques qu’à la compagnie d’autres enfants. Entourée d’Alfur, un elfe passionné par la paperasse et les contrats officiels, de Brindille, son adorable petit renard-cerf, et du bonhomme de bois, être rusé à la voix rauque, Hilda part à la rencontre des géants, trolls et autres esprits frappeurs qui peuplent les rues de la bien-nommée Trollbourg. Derrière son esthétique enfantine, ses couleurs chaleureuses et ses personnages attachants (auxquels viennent s’ajouter le peu téméraire David et la perfectionniste Frida, les deux nouveaux amis de notre héroïne), Hilda, grâce à une imagination foisonnante, nous invite en réalité à déceler le mystère et la magie qui se cachent dans les recoins de notre vie de tous les jours.
Monstres et cie
Les studios Pixar ont toujours eu un incroyable talent pour inventer des concepts efficaces et créer des univers crédibles. Avec Monstres et cie, Pete Docter nous embarque dans les rues de Monstropolis, où toutes sortes de créatures hideuses se côtoient. Leur job ? Faire peur aux petits humains en se cachant dans leurs armoires ou sous leurs lits, dans le but de récolter leurs cris stridents, énergie nécessaire au fonctionnement de leur société. Dans cette entreprise de la terreur où rien n’est laissé au hasard, une petite fille (qui répond au doux nom de Bouh) va créer la panique générale et mener la vie dure à Bob et Sullivan, qui se sont pris d’affection pour cette adorable intruse. Par une mise en scène extrêmement maîtrisée (le ballet des portes qui séparent les deux mondes est tout bonnement magistral), un décalage comique qui inverse savamment les rôles et des personnages au cœur tendre, Monstres et cie finit par prôner la joie et la douceur, en nous rappelant que le rire des enfants vaut bien tout l’or du monde.
Paddington
Qui de plus qualifié qu’un ourson pour apporter au monde la bienveillance et la tendresse dont il a besoin ? Affublé de son duffle-coat, de son chapeau écarlate et de ses inséparables tartines de marmelade, Paddington, petit ours péruvien à la maladresse légendaire et à la bouille irrésistible, semble tout trouvé pour apporter joie et bonheur aux spectateurs et à la famille Brown, qui l’a adopté avec plus ou moins d’enthousiasme. Seulement voilà, la ville de Londres recèle bien plus de dangers et de déceptions qu’elle n’y parait, et Paddington devra se confronter à l’incivilité de ses habitants comme à la solitude qui oeuvre parfois en milieu urbain. Avec beaucoup d’humour, une réelle émotion et une mise en scène emplie de magie, Paddington montre en vérité à quel point l’innocence, la gentillesse et la douceur ont le pouvoir extraordinaire de transformer le monde. Une belle leçon de vie qui donne envie de dire bonjour à son voisin acariâtre, de partager son casse-croûte avec un inconnu sous la pluie et de partir à la rencontre de toutes les âmes en peine en quête d’un petit nid douillet.
Dragons 2
Après un premier volet de bonne facture, la saga Dragons s’envole vers les sommets dans son deuxième film. Entre enchantement visuel, aventures trépidantes et épopée familiale, Dragons 2 nous plonge dans le parcours initiatique du jeune Harold, désormais confronté à la violence du monde, au délitement de sa relation d’amitié avec son dragon Krokmou et à une transition vers l’âge adulte qui s’annonce plus douloureuse que prévue. Quelque part entre l’imagerie d’Hayao Miyazaki et les thématiques chères à Pixar, grâce à un humour burlesque et un sentimentalisme nouveau, le film fait preuve d’universalité et nous offre un moment d’émotion suspendu, où l’émerveillement embrasse allègrement un propos sombre et mélancolique sur la fin de l’enfance. Relativement en perte de vitesse à force de se fourvoyer dans des productions commerciales sans âme, les studios Dreamworks n’ont pas choisi n’importe quel destrier pour enfin trouver la voie de la maturité. Espérons alors que le troisième volet, prévu pour février 2019, viendra clôturer en beauté cette saga magique et intemporelle.
Shrek
Tel le pendant pop d’Ernest et Célestine, Shrek s’invite dans les contes de fées qui ont bercé nos jeunes années pour mieux les revisiter et les dynamiter de l’intérieur. Ici, le futur roi s’avère être un nain arrogant et mégalomane, les princesses font fi de l’élégance et de la courtoisie et les créatures magiques – Pinocchio, les trois petits cochons, le loup du Petit Chaperon rouge et un âne qui parle, entre autres – se retrouvent exclues du royaume de Duloc. Au milieu de ce joyeux bazar, Shrek, un ogre mal léché et solitaire, devra jouer des pieds et des mains pour récupérer son havre de paix, envahi par ces intrus merveilleux. Avec un humour décapant, une bande originale inoubliable (de I’m a Believer à Hallelujah, en passant par I’m on my Way des Proclaimers) et une émotion qui finit par irradier toute la dernière partie du film, Shrek use avec brio de l’irrévérence et de la parodie pour mieux dire adieu à toutes les figures stéréotypées – forcément minces, grandes et belles – croisées dans les classiques Disney et autres histoires pour enfants.
Le Chant de la mer
Inspiré par les paysages champêtres et les histoires intimistes d’Hayao Miyazaki, le cinéaste irlandais Tomm Moore nous plonge avec Le Chant de la mer au cœur de légendes locales pour le moins méconnues. En enrobant son récit d’un folklore enchanteur sur les selkies, créatures imaginaires à la silhouette féminine et à la peau de phoque, Moore dépeint en réalité les méandres du deuil à travers le parcours de ses trois protagonistes : tandis que leur père se montre dans l’incapacité de s’occuper d’eux après la disparition de leur mère, Ben et Maïna s’accrochent corps et âme aux histoires de leur enfance, qui deviennent alors le miroir déformant et plus acceptable de leur triste réalité. Grâce à des dessins où se rencontrent décors extrêmement détaillés, nuances lumineuses et petits personnages hauts en couleurs (un vieillard à la chevelure interminable, une sorcière à tête de chouette, des lutins verdâtres et mélomanes), Tomm Moore parvient à mêler magie et mélancolie et s’affirme alors comme l’un des réalisateurs d’animation les plus talentueux de sa génération.
J’ai vu Totoroooo !
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Ce film est une pure merveille, je ne m’en lasserai jamais ! L’arrivée dans la maison, la découverte des noiraudes et des totoros, le chat-bus sous la pluie, la séance de jardinage nocturne… et ce passage estival où les petites mangent des légumes frais avec insouciance avant de sombrer dans la peur et la colère. Que de souvenirs impérissables, quel film incroyable !
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J’ai aimé ce message et cette originalité dans La reine des neiges…
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Un petit vent de fraîcheur, c’est toujours revigorant ! Disney pourrait encore aller plus loin, mais c’est déjà une très belle avancée.
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Coucou Emilie ! La Reine des neiges c’est un phénomène (mes nièces l’ont vu des dizaines de fois 😉 mais mon coup de cœur artistique est pour « le chant de la mer » du cinéaste irlandais Tomm Moore. La musique, les décors, l’histoire, pour moi c’est le plus beau dessin animé vu ces dernières années. J’ai adoré. J’aime aussi les Shrek (d’ailleurs je crois qu’il va y en avoir un autre de Shrek de prévu 😉 Dragon, je n’ai pas encore eu la chance de le voir. On m’en a dit le plus grand bien. Toy Story c’est culte. Il me reste à combler une lacune dans la liste des dessins animés que je n’ai pas encore vu : Mon Voisin Totoro de l’immense Hayao Miyazaki.. Je sais c’est impardonnable 😉 Quel plaisir de te lire, avec ce regard de passionnée. Passe une excellente soirée et @très vite pour nos échanges cinéphiliques 🙂
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Tomm Moore mériterait plus de reconnaissance, je suis fascinée également par son Chant de la mer ! L’un des plus beaux dessins animés récents comme tu le dis, mais malheureusement pas le plus vu !
Pour Totoro, je t’envie ! J’aimerais redécouvrir pour la première fois ce chef-d’oeuvre absolu ! Cependant, je l’ai découvert dans mon enfance et ça participe beaucoup à la nostalgie qui s’attache à ce film ! Ça ne viellit pas d’un poil et ça ne perd pas en qualité malgré mes très nombreux visionnages. ^^ Il faut absolument que tu le commandes au Père Noël !!! 😉
Merci pour ton message Frédéric ! Bonne soirée et à très bientôt ! 🙂
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Je vais écouter ton conseil pour noël 😉 merci Emilie, excellente soirée à toi 🙂
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Bonjour Emilie! ouiii! tous ces films ou presque me parlent, c’est sûr que bien calée dans un canapé, avec un chocolat chaud! Mmm…Une bonne idée en mode retour nostalgie!
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Bonjour Muriel ! Noël, c’est le moment parfait pour s’accorder des petits plaisirs (coupables ou non) tels que les films d’animation ! Entre nostalgie pour les grands et découverte pour les plus jeunes, c’est l’idéal ! 🙂
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Bon programme manque le Roi Lion ❤
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Très belle liste .
Personnellement j’ajouterais :
– La folle escapade ( de Martin Rosen )
– Le livre de la jungle ( de Disney )
– Le Roi Lion ( disney )
– Vice versa ( de Pixar )
– Coco ( pixar )
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oui le roi lion une merveille 🙂 jamais vu coco
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J’ai déjà vu tous les films de ton article mais mon coup de coeur doit être « Ernest et Célestine ». Il est tellement remplis de douceur et la morale est aussi adorable. En tout cas, belle sélection qui me fait m’abonner à ton blog. 😘 Pour les films de Ghibli, tu as choisi Totoro mais ce n’est vraiment pas mon préféré, j’en ai parlé sur mon blog mais je te conseille « Le château ambulant ». (si tu ne l’as pas déjà vu?) Bonne journée à toi 💌🧚🏼♀️
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Merci de t’être abonnée à mon blog ! 😊 Ah oui, Ernest et Célestine, quelle merveille ! ❤
Oui, j’ai vu tous les Miyazaki, et Le château ambulant fait également partie de mes préférés (en plus de Totoro, Le Voyage de Chihiro, Kiki la petite sorcière) ! Je vais voir ton article dès maintenant !
Merci et bonne soirée ! 😊
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Je t’en prie c’est normal 😘 Oh j’aime beaucoup aussi le voyage de chihiro (la petite sorcière ne fait pas parti de ma sélection malheureusement j’en ai gardé seulement 5 😋). bonne soirée 💌🤗
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