Après trois longues années d’attente – une attente légèrement assouvie par l’épisode spécial L’Abominable mariée, tout à fait appréciable mais qui n’apportait rien à l’histoire en elle-même -, Sherlock revient sur le devant de la scène pour une quatrième saison. En l’absence de Moriarty depuis la fin de la saison 3, Mark Gatiss et Steven Moffat se devaient de relancer leur intrigue et de conquérir à nouveau un public qui se languissait de retrouver l’attachant et désopilant duo Sherlock/Watson. Au terme de ces trois nouveaux épisodes, force est de constater que le défi est relevé haut la main et que l’on pardonne volontiers aux créateurs et aux acteurs d’avoir mis si longtemps à nous les offrir, tant la qualité et l’émotion sont toujours au cœur de la série.
Le premier épisode, The Six Thatchers, donne le ton : au sein de cette quatrième saison plus intimiste où l’introspection prime, l’amitié qui lie John Watson et Sherlock Holmes est mise à rude épreuve. Rongée par le ressentiment mais investie d’un attachement infaillible, leur relation, parcourue d’événements rocambolesques et de passages douloureux, ne s’en verra que renforcée. Il suffit de voir le deuxième épisode, une nouvelle fois très médiocre comparé aux deux autres (tant par son montage grandiloquent que par ses personnages sans ampleur), pour comprendre que l’intrigue tissée par Gatiss et Moffat n’avait en réalité pour but que d’approfondir, d’une manière parfois loufoque mais toujours sincère, l’attachement de Holmes pour son fidèle comparse.
Les enjeux de cette affection mutuelle atteignent leur paroxysme dans le troisième et dernier épisode, véritable chef-d’œuvre de tension et d’émotion. Tenant en haleine le spectateur du début à la fin, sans jamais le lâcher ne serait-ce qu’une seule seconde, The Final Problem déploie tout un éventail de rebondissements et met surtout en scène une vertigineuse confrontation des esprits, dans laquelle resplendissent des manipulations perverses mais aussi les sentiments les plus profonds. Par ses révélations, son atmosphère angoissante et le tourbillon dans lequel s’engouffrent les différents personnages, ce troisième épisode est sans aucun doute le plus intense, d’un point de vue dramatique, visuel et scénaristique, de la série entière.
Là où l’humour et la raison étaient de mise dans les saisons précédentes, Sherlock laisse ici libre cours à sa sensibilité et nous livre un épisode digne d’un film d’auteur. Ecrit avec subtilité et porté par le jeu toujours aussi brillant de Benedict Cumberbatch, ce troisième épisode nous plonge dans le passé de Sherlock pour en révéler les failles et les douleurs les plus enfouies – mais aussi les plus insoupçonnées ! En fin de compte, ce que nous raconte cette quatrième saison, c’est que derrière le détective volubile et acariâtre, derrière le professionnel à l’esprit affûté et au sens de la déduction inébranlable se cache en vérité un être humain. Après trois saisons passées à nous montrer des enquêtes brillamment résolues, la série nous dévoile enfin sa plus dense et passionnante énigme, à savoir Sherlock Holmes lui-même.
De ce point de vue, est-il alors nécessaire de continuer à explorer d’autres recoins de la personnalité holmesienne ? Aucune confirmation n’a encore été donnée pour la réalisation d’une cinquième saison, mais ce qui est sûr, c’est que Mark Gatiss et Steven Moffat pourraient très bien conclure leur série de cette façon, en laissant, qui plus est, s’épanouir dans l’esprit de leurs spectateurs les effluves d’un épisode plus envoûtant que jamais. Si le détective et son éternel acolyte finiraient bel et bien par nous manquer, nous ne pouvons que reconnaître que la quatrième saison constitue une fin parfaite, tant par le dénouement touchant de son récit que par sa dernière séquence, tableau empli de félicité où brille le crépuscule d’une amitié et d’une aventure inoubliables.
Coucou ! j’aime bien tes articles car tu me fais découvrir des séries. C’est toujours aussi plaisant à lire. Bon weekend à toi Emilie ! @très vite 🙂 🙂
J’aimeJ’aime
Série touchante et remarquable… Son remake US est légèrement plus faible et surtout lassante.
J’aimeJ’aime