Les meilleurs ouvrages lus en 2016

Ouvrir un livre, c’est toujours partir à la rencontre de personnages qui nous ressemblent. En cette année 2016, ceux que j’ai croisés au détour des lignes de bandes dessinées, d’essais sociétaux ou de grands romans édifiants, se sont révélés hauts en couleurs et en tourments. Cohabitent joyeusement dans cette sélection toute personnelle, des renards à dompter ou à cajoler, un sorcier devenu légende, des hommes impuissants face au système, d’autres tentant de le déconstruire par la force de la réflexion, des êtres décontenancés devant la cruauté de l’existence et surtout, des femmes de caractère bien décidées à vivre leur vie comme elles l’entendent. Autant d’êtres de papier qui ont littéralement pris vie sous mes yeux, par la danse des pages et le pouvoir des mots.


Deux romans où l’amour est plus fort que la mort :

Jane EyreJane Eyre, de Charlotte Brontë : Héroïne à la détermination exemplaire, Jane Eyre est sûrement l’une des plus vaillantes de son époque. Elle ne flanche jamais devant les affres de son destin et reste fidèle à ses principes, que ce soit face aux traitements infernaux que lui inflige une marâtre sans scrupule, durant une fuite éperdue vers des contrées inconnues, confrontée à la dureté d’un hiver sans ressource, lors d’une demande en mariage avilissante ou encore prise dans le tourbillon d’un amour destructeur qui ne pourra se résoudre pour la jeune fille que dans l’indépendance la plus totale. Dans la campagne anglaise de l’époque victorienne se mêlent avec harmonie une imprévisibilité romanesque, un surnaturel quasi-mystique et surtout une férocité des sentiments qui ne manque pas d’ébranler les esprits qui doutaient encore des puissances de l’âme.

Raison et SentimentsRaison et sentiments, de Jane Austen : Premier roman de Jane Austen, Raison et sentiments oppose l’ardeur de Marianne Dashwood et la réserve de sa sœur aînée Elinor. Toutes deux en proie à des pulsions amoureuses envers des hommes qu’elles comptent bien conquérir à leur façon, les jeunes femmes devront en vérité apprendre à s’adapter aux conventions de la haute société anglaise, où les mariages arrangés et les questions financières ne font pas bon ménage avec les affections de l’âme. Avec ses études psychologiques approfondies, ses coups de théâtre et ses répliques savoureuses, Raison et sentiments se montre à la fois impitoyable dans le portrait des familles conservatrices de l’époque et tendre dans le tableau qu’elle dresse de ces femmes prêtes à renoncer à une bonne situation pour se laisser porter par leur sensibilité respective.


Deux romans où l’amour est moins fort que la vie :

La Pitié DangereuseLa Pitié dangereuse, de Stefan Zweig : Paru durant la Seconde Guerre mondiale, La Pitié dangeureuse est sûrement l’un des romans les plus torturés de Stefan Zweig. L’innocence d’un officier autrichien se heurte aux douleurs de l’existence lorsqu’il rencontre Edith, une adolescente paralytique qui retrouvera foi en la vie, secouée par des sentiments fulgurants à l’égard du jeune homme. En véritable analyste des travers humains, Zweig dépeint la lâcheté qui peut animer un homme qui n’a pas le sou, la fureur avec laquelle une femme peut s’accrocher à l’amour pour tromper la fatalité et la tragédie d’une guerre dans laquelle les êtres s’engagent sans réfléchir, simplement pour tenter d’oublier leur histoire personnelle et expier leurs fautes passées. Avec une prodigieuse détresse, l’auteur, révolté par les événements auxquels il assiste, nous dit surtout que la culpabilité est le sentiment le plus tenace de tous et qu’elle peut ravager le destin de tout un chacun.

Une VieUne Vie, de Guy de Maupassant : Pour son tout premier roman, Guy de Maupassant choisit de s’inscrire dans le courant du Réalisme en s’intéressant à l’existence d’une femme, de ses tout premiers émois d’adolescente jusqu’à ses vieux jours. Au cours de sa vie jonchée d’événements impétueux mais somme toute communs, Jeanne, d’abord emplie d’espoirs et de rêves romantiques, verra son chemin se paver de désillusions et de renoncements. Face à l’adultère de son mari, au décès de ses parents et à l’inconscience de son enfant, la jouvencelle sentimentale laissera place à une femme âgée, fatiguée et désarçonnée devant les mauvaises surprises que lui réservait son destin. Au fil des saisons et des années, Maupassant explore avec ingéniosité les tréfonds de l’âme de son héroïne, pour mieux dessiner la cruauté d’une vie ordinaire et déceler le tragique qui sommeille au sein même du quotidien.


Deux ouvrages pour ouvrir les yeux sur notre monde actuel :

19841984, de George Orwell : Publié au sortir de la Seconde Guerre mondiale, 1984 est devenu le plus grand roman d’anticipation de tous les temps. Principalement inspiré par la surveillance, la méfiance et la restriction des libertés qui régnaient sous le stalinisme et le nazisme, le roman de George Orwell continue de résonner aujourd’hui. À l’heure où nous sommes envahis par les écrans, où les webcams peuvent se déclencher à distance et où les moteurs de recherche enregistrent tous nos faits et gestes, l’omniprésence de Big Brother et des télécrans est plus que jamais d’actualité. Dans un monde contemporain où la vie privée n’existe plus, la novlangue s’est également répandue, par la destruction massive de notre vocabulaire, la simplification de l’éducation et l’absence de pensée qui en découle. Dans un ouvrage éminemment prémonitoire, Orwell dépeint avec horreur deux moyens pour l’État d’avoir l’ascendant sur nos esprits et de nous réduire à néant, pour que nous devenions de braves petits soldats au service d’une société où le libre-arbitre n’a plus droit de cité.

Vers la sobriété heureuseVers la sobriété heureuse, de Pierre Rabhi : Devenu le grand prédicateur du retour à la terre et de l’insurrection contre un système économique chronophage et anthropophage, Pierre Rabhi nous conte, dans cet essai d’une justesse et d’une simplicité foudroyante, son ahurissement face au délitement d’un monde qui ne jure plus que par le rendement et la productivité. L’auteur nous fait part de son accablement par des passages imagés – en décrivant notamment le silence qui régnait dans la forge de son père, lorsque celui-ci a du partir à la mine pour servir la mondialisation – et des citations sages et extrêmement bien tournées, propices à la réflexion et à l’éveil de nos consciences. Prônant une reconnexion essentielle à la nature et la nécessité de remettre l’humain au cœur de nos sociétés, Pierre Rabhi édicte surtout l’importance de la modération – cette idée impensable de nous contenter de répondre à nos besoins vitaux sans tomber dans la surconsommation – pour accéder à la frugalité suprême, source de bonheur et de liberté.


Deux bandes dessinées à la fourrure soyeuse :

Le Grand Méchant RenardLe Grand Méchant Renard, de Benjamin Renner : Après avoir réalisé le très joli film d’animation Ernest et Célestine, Benjamin Renner continue de détourner les contes de notre enfance. Chez lui, les ours sont des musiciens de rue miséreux, les loups sont plus cérébraux que sanguinaires et les renards ne sont même pas capables de dérober une volaille pour le dîner. Dans Le Grand Méchant Renard, un ouvrage insolent, drôle et infiniment tendre, l’auteur met en scène un goupil couard et peu dégourdi, qui fera l’objet de nombreuses situations décalées, parfois cruelles, mais le plus souvent émouvantes. En plus d’un coup de crayon effronté et d’un sens aigu de la mise en images, Renner brasse en creux les questions de l’identité et de la refonte de la cellule familiale traditionnelle. Avec son héros attachant et toute une flopée de personnages hauts en couleurs, ce conte contemporain fera fondre les plus féroces d’entre nous.

goupilGoupil ou Face, de Lou Lubie : Dans cet ouvrage de vulgarisation médicale, Lou Lubie, jeune illustratrice et créatrice de jeux vidéo, choisit d’aborder sa maladie sur un ton humoristique. Grâce à son côté ludique et à sa documentation conséquente, Goupil ou Face apparaît destiné à faire découvrir aux lecteurs la cyclothymie, une pathologie qui affecte l’humeur, encore mal connue en France. Lou découvre sa bête noire sous la forme d’un renard malin, qui la fait passer sans transition du rire aux larmes, lui cause des périodes d’euphorie et de dépression intenses et lui gâche considérablement l’existence, l’empêchant de mener à bien ses activités professionnelles et ses relations sentimentales. En dessinant sa lutte contre elle-même et contre les psychologues incompétents qu’elle a rencontrés, Lou Lubie délivre surtout un message d’espoir, pour pousser chacun à affronter ses peurs, qu’elles soient rousses ou bien bleues.


Une madeleine de Proust pour finir l’année sur une touche sucrée : 

Harry PotterHarry Potter à l’école des sorciers, de J.K. Rowling : Après la sortie au cinéma des Animaux fantastiques, rien de plus tentant que de se replonger dans l’univers d’Harry Potter. Les redoutables Dursley, la cicatrice en forme d’éclair, les escapades dans les couloirs de Poudlard, les matches de Quidditch, Dumbledore et ses lunettes en demi-lune : autant de souvenirs impérissables qui resurgissent comme si on les avait découverts il y a seulement quelques jours. Avec son enchantement éternel et son univers foisonnant, Harry Potter à l’école des sorciers apparaît encore aujourd’hui comme le début d’une aventure légendaire, qui aura marqué son temps et ses lecteurs. Concis et très facile à lire, ce premier tome de la saga Harry Potter est à mettre entre toutes les mains, pour que la magie continue de vivre dans les esprits de chacun et dans un monde qui en a cruellement besoin.

7 réflexions sur « Les meilleurs ouvrages lus en 2016 »

  1. Les soeurs Brontë me posent vraiment souci… Jane Eyre m’a semblé aussi lourd et difficile à terminer que ma lecture des « Hauts de Hurlevent ». Je trouve l’héroïne trop passive, et je ne m’y suis jamais attachée (et je ne parle même pas du maître de maison, là, ça dépasse l’entendement pour moi).
    Cela dit, je te recommande « La recluse de Haworth », écrite par Anne Brontë, et que, pour une fois, j’ai adoré. Peut-être parce qu’il est mieux maîtrisé que les deux autres ou que les personnages sont beaucoup plus crédibles (et donc attachants) dans leurs réactions et comportements, je ne sais pas. C’est un de mes livres favoris 🙂

    Et puis, #TeamAusten en meme temps hein.

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    1. J’ai également détesté Les Hauts de Hurlevent, trop d’hystérie et de haine entre les personnages. Je ne comprends pas vraiment le succès de ce bouquin. Mais j’ai beaucoup aimé l’histoire de Jane Eyre et l’ambiance du roman. Les personnages sont certes plus attachants chez Jane Austen, mais il y a un mysticisme chez Charlotte Brontë, une foi presque surnaturelle en l’amour, qui m’a emportée.
      Je découvrirai avec plaisir La Recluse de Haworth, Anne est la seule soeur Brontë chez qui je n’ai pas encore mis les pieds ! 😉

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  2. Tu sais Emilie c’est très juste ce que tu dis sur Harry Potter. Je viens d’ailleurs de débuter la lecture de ce premier tome de la saga Potter. Je ne l’ai jamais lu encore et j’adore. Tu parles aussi bien des livres que de ta passion pour le cinéma. Passe un bon réveillon, @2017 Emilie ! 🙂 😉

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  3. J’ai fini il y a quelques jours « Orgueil et Préjugés ». Au début, j’ai eu du mal à adhérer à l’histoire, certains personnages m’étant insupportables. Mon petit côté féministe éprouvait de grandes difficultés pour supporter ce sort réservé aux femmes, et voir que certaines prenaient plaisir à vivre dans cette situation me révoltait. Mais petit à petit, j’ai réalisé que l’auteure critiquait implicitement cette société, et qu’elle parvenait merveilleusement bien à pointer du doigt l’orgueil, la vanité et les préjugés animant ces gens.
    Et puis, j’avais aussi très envie d’en savoir plus sur Mr Darcy ! 🙂

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