Pour ouvrir cette période de bilans annuels, rien de mieux que de commencer en musique. En cette année 2016, l’inédit et le vintage se sont mêlés pour former un tout mélodieux et complémentaire : de nouvelles voix se sont imposées, tout en évidence, comme les futures légendes de demain, et d’autres, plus familières, nous ont plongés dans une impression douce-amère de retrouver l’époque de nos 15 ans. Cependant, si la relève paraît aujourd’hui merveilleusement assurée pour les années à venir, nous savons déjà que 2017 n’aura pas la même saveur musicale, après le départ de trois immenses chanteurs de la scène internationale, David Bowie, Leonard Cohen et Prince. Pour se remémorer en chansons une année riche en nouveautés et en découvertes, mais aussi traversée de nostalgie et de disparitions, découvrez ici une sélection des titres et des albums qui ont fait vibrer mon année 2016.
L’adieu de celui qui est parti rejoindre les étoiles : Blackstar, de David Bowie. Avant de nous quitter définitivement le 10 janvier 2016, David Bowie a bien voulu nous léguer un dernier trésor : Blackstar, une véritable oeuvre crépusculaire parcourue d’accents jazz, de paroles sombres et d’un timbre voilé qui nous apparaîtra désormais comme venu d’outre-tombe. Lazarus, Blackstar, Dollar Day, I Can’t Give Everything Away sont autant de titres qui nous hantent encore aujourd’hui, tels de magnifiques spectres musicaux nous parvenant d’un autre monde, si ce n’est d’une autre galaxie. Bowie in the sky with diamonds.
L’album qui donne envie de danser, de pleurer et de rire en même temps : This is acting, de Sia. Depuis ses débuts, et surtout avec son album 1000 Forms of Fear, Sia a toujours eu cette incroyable capacité à faire danser diverses émotions rien qu’avec le timbre de sa voix écorchée. Dans This is Acting, la chanteuse, toujours aussi mystérieuse, parvient à incarner chacun de ses titres – Bird Set Free, Alive et Unstoppable en tête – pour nous livrer un combat de survivante qui a de quoi inspirer.
La voix bien de chez nous qui prouve que la chanson francophone a encore quelques belles paroles en réserve : Christophe, dans son album Les Vestiges du chaos. Dans ce nouvel opus, l’inénarrable Christophe nous livre à nouveau des textes éminemment profonds et splendides, portés par la puissance magnétique de sa voix si particulière. En se délectant d’Océan d’amour, Lou, Drone ou encore E Justo, on ne peut s’empêcher d’espérer que Christophe et sa plume incomparable nous conteront encore longtemps des mots bleus de cette trempe.
La voix qui donne envie de boucler ses valises pour aller se réfugier sur les rives du Mississippi : Ben Nichols, dans son album The Last Pale in the West. Dans la famille Nichols, je demande le frère. Eh oui, le petit Ben n’est autre que le frère de Jeff Nichols ! Si Papa Jeff aime aller poser sa caméra dans les hautes herbes de la Louisiane, Oncle Ben a une voix qui respire également l’Amérique profonde. Très certainement biberonnée aux chansons de Bruce Springsteen, la famille Nichols fait du bien aux yeux et aux oreilles et mérite définitivement sa place dans nos cœurs.
L’artiste qui laisse sans voix rien qu’en titillant quelques cordes : Lindsey Stirling et son violon ensorcelant. Musicienne de talent, youtubeuse de plus en plus reconnue, Lindsey Stirling a sans conteste de l’or au bout de son archet. Les mélodies ensorcelantes de Beyond the Veil, Lost Girls et Crystallize ont su conférer une aura moderne à un instrument aujourd’hui considéré comme désuet. Mariant avec harmonie musique classique à des accents plus contemporains, Lindsey Stirling s’impose avec élégance, en prouvant que la musique coule littéralement dans ses veines.
L’album qui se fredonne en boucle dans la voiture, sous la douche et même en dormant : Nine Track Mind, de Charlie Puth. Une gueule d’ange, une voix qui glisse jusqu’à nos tympans avec douceur, des rythmes entêtants (on retiendra surtout See You Again, Up All Night et One Call Away) et un premier album sans fausse note : avec toutes ces cartes en main, Charlie Puth s’affirme incontestablement comme le crooner des temps modernes et ne tardera pas à devenir le nouveau prince de la pop. Quatre lettres à retenir.
La bande-originale qui va bien avec son film, ou l’inverse : Midnight Special, de David Wingo. C’est bien connu, un film ne serait rien sans sa musique, surtout lorsqu’il s’agit de science-fiction. Si le scénario et les images de Jeff Nichols sont déjà dignes d’admiration, David Wingo a su apporter à Midnight Special des notes subtiles et envoûtantes pour créer une ambiance magnétique et donner corps à une atmosphère débordante de secrets et de mystères. John Williams n’a plus qu’à bien se tenir !
Ces chansons acoustiques qui auraient pu aisément remplacer leurs versions originales : I Cry, de Julian Perretta et Dangerous, de Sam Martin. À l’origine empreintes d’un style plutôt électro et destinées à être diffusées en boîtes de nuit, ces deux chansons de Julian Perretta et Sam Martin (avec la participation de David Guetta, accessoirement) ont trouvé une seconde vie dans leurs versions acoustiques, qui ont su redonner aux voix de leurs deux interprètes toute leur beauté. La simplicité et l’épure font parfois des merveilles.
Le retour inattendu d’une chanteuse qu’on aime toujours autant dix ans après sa découverte : Pink et sa chanson Just Like Fire. Pour la bande-originale du film Alice de l’autre côté du miroir, Pink revient en force une décennie après son meilleur album I’m not Dead. Toujours aussi pétillante, la chanteuse américaine prouve, grâce à son timbre éraillé et son phrasé volubile, qu’elle n’a rien perdu de sa créativité d’antan. Avec encore une belle carrière devant elle, Pink restera pour longtemps notre Reine de coeur.
La chanson qui fait frémir l’épiderme à chaque écoute : Til it Happens to You, de Lady Gaga. Magistralement interprété lors de la 88e cérémonie des Oscars, ce titre engagé aux paroles fortes et à la puissance vocale sans pareille n’en finit pas de procurer des frissons. Quand Miss Gaga choisit la sobriété en se posant derrière un piano au lieu de secouer son popotin dans un clip farfelu, ça fait toujours des étincelles. En témoigne son dernier album empli de délicatesse Joanne.
L’album qui s’écoute chaque automne tant il sent bon les petits matins frileux, les feuilles mortes et la mélancolie : Almost Everything, de Wakey Wakey. Très peu connu en France, le groupe de Mike Grubbs s’est révélé dans la série One Tree Hill et a su se démarquer grâce à des mélodies enivrantes et des paroles profondes. Leurs meilleurs titres Car Crash, Brooklyn, Light Outside et Dance so Good, à la fois grisants et maussades, s’écoutent surtout les jours de pluie, de préférence lové bien au chaud sous la couette.
Cette chanson de fin d’épisode de série télé qui fait encore plus pleurer que l’épisode lui-même : Muddy Waters, de LP. De son vrai nom Laura Pergolizzi, LP vient hanter le dernier épisode de la quatrième saison d’Orange is the new black avec son timbre de voix hors du commun et envoûtant. De quoi nous donner envie de courir écouter tous ses albums, où se trouvent les magnifiques titres Tokyo Sunrise, Lost on You et Forever For Now qui font du bien aux oreilles, au cœur et au moral. LP is the new Prozac.
Les clips qui donnent envie d’apprendre la choré, mais on abandonne vite parce qu’on a l’air idiot : tous les clips de Sia. En plus d’être douée pour composer des mélodies inoubliables et d’avoir une voix unique, Sia nous offre également des clips certes étranges mais éminemment artistiques. Alliant gestes expressifs et bizarreries faciales, les vidéos de Cheap Thrills et The Greatest sont de véritables danses sacrées remplies d’espoir, où se meuvent des corps qui ne demandent qu’à accéder à la liberté.
Deux ballades qu’on réécoute le cœur serré depuis la disparition de leurs interprètes : Purple Rain, de Prince et Hallelujah, de Leonard Cohen. Dans deux styles éminemment différents, ces deux artistes monumentaux ont su marquer le monde de la musique à leur façon avant de disparaître en toute discrétion. Leurs deux titres devenus aujourd’hui légendaires, l’un pour sa mélodie hypnotisante et son solo de guitare déchirant, l’autre pour son aura divine et les innombrables reprises qu’il a générées, ne pourront désormais s’écouter que la larme à l’œil.
Bonus tracks :
Life on Mars, de Jasper Steverlinck.
Waving Goodbye, de Sia.
Not Today, d’Imagine Dragons.
Unsteady, de X Ambassadors.
Fire Escape, de Matthew Mayfield.
Coucou ! Une bien jolie note Emilie. Je te rejoins totalement pour Bowie. C’est le premier disque que j’ai chroniqué cette année et ce génie nous a quitté mais pas ses chansons qui elles sont intemporelles. Un géant. Autre géant Léonard Cohen. Je te donnes un peu en avance mon top 5 des albums que j’ai aimé (j’ai écris la note mais je ne l’ai pas encore publié). J’ai mis léonard Cohen en premier et Bowie en second; mais j’aurais tout aussi bien pu faire l’inverse tant ces deux génies nous ont gratifiés de deux grands disques. Le titre « Steer your way » de Cohen c’est magique tout comme le « blackstar » de Bowie qui atteint des sommets. Je suis très heureux de retrouver Christophe dans ton coup de cœur. Je l’adore aussi ! il est passé à la carène à Brest en Novembre mais je n’ai pas pu le voir (j’étais au concert de Norah Jones). Quel grand monsieur dont j’ai de nombreux albums. « Aimer ce que nous sommes était déjà fabuleux. Lou et Océan d’amour c’est si beau ! intemporel 🙂 Prince aussi, quelle année terrible on perd Bowie, Cohen et Prince.. Tu as des goûts éclectiques c’est cool. Moi tu vois j’ai ajouté à ces trois disques dont je t’ai parlé l’album de Norah Jones « Day Breaks », retour au source magistral et Yann Tiersen et son « Eusa », bouleversant ce disque au piano ! J’ai hâte d’avoir ton bilan cinéma des plus beaux films vus cette année. On en reparlera. D’ici là, laisse moi te souhaiter de Joyeuses fêtes de fin d’année ! ps: je prends toujours autant de plaisir à découvrir ton univers si riche. 🙂
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Merci pour ton commentaire Frédéric, nos sensibilités se rejoignent, même en musique ! 🙂
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l’année 2017 va être riche en sorties disques. On va se régaler. C’est vrai que nos sensibilités se rejoignent aussi en musique, c’est chouette ! Bon après midi Emilie 🙂
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merci ! ton choix me plait beaucoup et tu as raison, 2016 nous prive d’artistes fabuleux !!!!! mais leur musique restera ♥
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Oui, et George Michael en toute fin d’année… C’est triste mais leur musique restera, comme tu le dis si bien !
Merci pour ton passage ! 🙂
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Bonjour Emilie,
Il y a bien trop longtemps que je ne suis venu respirer l’Airsatz par ici. J’y découvre des billets qui me font chauds au cœur.
Comme vous, j’aurais également placé tout en haut l’Etoile Noire de Bowie, Sans doute un des plus beaux albums qui termine une carrière époustouflante et magistrale.
Je vois aussi Christophe très bien placé dont j’ai énormément apprécié le concert l’an passé.
Un peu plus loin je fais connaissance avec Ben Nichols (le frère de Jeff donc !) dont il me tarde de découvrir le son. Est-il proche de celui de l’excellent David Wingo qui signe en effet une BO remarquable pour un film qui ne l’est pas moins ?
Enfin, j’ai récemment fait connaissance avec LP (un cadeau d’une personne bien intentionnée). Il faut maintenant que ça me rentre dans l’oreille.
Espérons que 2017 ne se noie pas sous une même « purple rain ».
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Le style de Ben Nichols ne ressemble en rien à celui de David Wingo. La BO de Midnight Special est magnétique, presque électronique, alors que Nichols fait plutôt dans la country, une musique qui sent bon l’Amérique. Si je ne me trompe pas, c’est lui qui chante la chanson du générique de fin de Midnight Special.
Merci pour tous vos commentaires ! C’est toujours mieux de respirer l’Airsatz à plusieurs !
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Effectivement, deux styles bien distincts, mais qui se marient admirablement dans le film du frangin.
Ravi de partager cette inspiration avec vous 🙂
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Ah j’oubliais : je vois dans les bonus tracks une reprise de Bowie (elles ont fleuri l’an passé). Je conseille pour ma part l’excellente version de « space odditty » par les Flaming Lips en bonus track (justement) de leur dernier album.
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