What a wonderful world
La race humaine a toujours eu une incroyable capacité à imaginer sa propre disparition. De nombreux films de fiction ont d’ailleurs mis en scène des scénarios catastrophes, où l’Humanité se trouvait confrontée à des invasions extra-terrestres, des désastres naturels, des chutes d’astéroïdes ou bien d’autres menaces susceptibles de supprimer l’Homme de la surface de la Terre. Il faut cependant regarder la réalité en face : nous ne vivons pas dans un film hollywoodien où Bruce Willis ou Tom Cruise peuvent nous sauver de nos effroyables ennemis pour ensuite nous emmener vivre sur une station spatiale éloignée de tout danger. Surtout, aucun de ces films ne nous a encore donné de réelles solutions pour faire face à la plus grande menace que nous ayons jusqu’alors connue : nous-mêmes. C’est la louable entreprise menée par Cyril Dion et Mélanie Laurent dans leur documentaire Demain, où de véritables réponses sont apportées à ces vastes et obscures questions que sont le dérèglement climatique, l’explosion démographique et la surexploitation des ressources.
Car à l’heure où l’environnement pâtit grandement de l’action de l’être humain sur son terrain, où les industries contrôlent entièrement nos modes de consommation et où nos propres organismes sont exposés à diverses substances dangereuses présentes dans les sources de vie telles que l’air, l’eau et les sols, nous manquons considérablement de clés pour pouvoir changer les choses à notre échelle. Aujourd’hui, il s’agit surtout de prendre conscience du mal que nous faisons à notre Terre-Mère et à notre prochain, tout en réalisant que ce que nous avons perdu en humanité, nous l’avons gagné en avidité, en autodestruction et en aveuglement face à la réalité de notre devenir. La différence entre l’être humain et l’animal, nous dit le philosophe Pierre Rabhi, c’est que l’animal cesse d’être un prédateur pour sa proie une fois qu’il a rempli sa panse. L’Homme, au contraire, éternellement insatiable, n’en finit pas de massacrer les êtres vivants et de puiser dans les ressources vitales que lui offre la nature pour accumuler les denrées et générer du profit par leur commercialisation.
Pour sortir de cette logique infernale, il faut alors repenser notre rapport à l’alimentation, à la démocratie, à l’énergie, à l’économie et même à l’éducation, dans le but de sensibiliser tout un chacun, et ce dès le plus jeune âge, aux gestes qui peuvent améliorer nos conditions de vie et la santé de notre planète. En parcourant les quatre coins du monde, Cyril Dion et Mélanie Laurent ont rencontré des personnes pour qui le sort de l’Humanité importe encore un peu. En nous rappelant avec intelligence qu’il n’est pas concevable de stopper net notre consommation mais qu’il reste possible de la réformer et de la réduire en se contentant du nécessaire, ces êtres qui ont décidé de vivre en marge d’une société aliénante et corrompue nous apportent des solutions pour révolutionner nos habitudes. Permaculture, agroécologie, villes en transition, énergies renouvelables : autant de termes occultes qui cachent en réalité des gestes simples à effectuer au quotidien pour renouer avec la nature, la liberté et la notion de partage.
A Todmorden, en Angleterre, des fruits et des légumes sont plantés dans les rues puis mis à la disposition de tous les citoyens, pour permettre à la ville d’accéder à une autosuffisance alimentaire et enfin sortir de la dictature de l’industrialisation et de la mondialisation. A Reykjavik, la capitale islandaise, comme sur l’île de la Réunion, les panneaux solaires et les éoliennes sont privilégiés pour un jour ne plus avoir recours aux énergies fossiles – telles que le pétrole et le charbon – et au nucléaire, premiers responsables du réchauffement climatique. A Copenhague, les routes sont aménagées pour permettre aux habitants de rouler à vélo et ainsi réduire leurs émissions en dioxyde de carbone. A Bristol, une monnaie indépendante est créée pour être dépensée localement et échapper à la cupidité des multinationales. A Kuthambakkam en Inde, le pouvoir est confié au peuple quant aux décisions importantes, tant les hommes politiques brillent par leur incapacité à mettre en marche un changement significatif. Enfin, en Finlande, le système d’éducation est exemplaire, en se basant sur l’idée de communauté et de respect et non plus sur un parcours scolaire régi par la concurrence et l’évaluation constante.
Loin des leçons de morale culpabilisantes, superficielles et alarmistes qu’ont pu nous livrer des films tels que Home ou Le Syndrome du Titanic, Demain choisit la bienveillance pour dresser le tableau des gestes salvateurs qui pourront nous sauvegarder d’une extinction prématurée. Par sa constitution modeste et pédagogique, le documentaire ne prétend pas rassembler l’Humanité dans un mouvement fédérateur pour sauver le monde à la manière de supers-héros mais entend ouvrir les yeux du public sur les alternatives existantes, pour que chacun puisse mettre la main à la pâte et adopte une modération dans ses choix de consommation. Après des débuts difficiles au box-office, Demain a attiré plus d’un million de spectateurs en salles, chose extrêmement rare pour un documentaire ayant en plus un sujet si peu estimé que l’écologie. Reste à savoir si le film aura véritablement permis une prise de conscience générale et, par les issues qu’il dessine, aura fait sortir les spectateurs de leur zone de confort pour que ceux-ci, à hauteur d’homme, contribuent pleinement à la pérennisation de la vie sur Terre.
Je viens de voir « Demain », le film de Mélanie Laurent et Cyril Dion.
Quand je pense qu’il sort en pleine conférence « COP 21 »! J’imagine que ce ne doit pas être une coïncidence… Il aurait fallu le présenter hors compétition, juste en ouverture de la conférence et tous les problèmes étaient réglés. Il faudra de toute façon le montrer dans toutes les écoles, dans tous les collèges, dans tous les lycées! Il faudra le mettre au programme et faire en sorte que personne ne puisse y échapper, tant le discours et la démonstration sont lumineux.
« Demain » présente en introduction ce qui, maintenant, est une évidence pour tous, à savoir que l’Humanité est dans une période critique, la plus critique que nous ayons jamais vécue et qu’il ne nous reste que vingt ans pour réagir, pour lutter contre le réchauffement climatique! Au-delà de cette date, il sera trop tard, l’Humanité courra inéluctablement à sa perte et par sa propre faute!
Après quoi, le film utilise un angle d’attaque différent des documentaires du même genre: au lieu de rester dans le négatif et de multiplier les imprécations contre le système économique actuel, il va s’atteler à nous montrer des expériences concrètes, des expériences positives de gens qui sont dans la réalisation et qui agissent au lieu d’en rester aux discours théoriques!
Le film est très pédagogique, très didactique, tout en étant passionnant, dans un constant va-et-vient entre analyses et réalisations concrètes. Il alterne les interviews, non pas d’experts, mais de spécialistes engagés dans une lutte quotidienne, capables d’expliquer avec des mots simples les évidences qui devraient crever les yeux, et des prises de vue et des reportages, souvent magnifiques. Les réalisateurs se mettent en scène eux-mêmes en train de réaliser leur film, ce qui donne une atmosphère légère, parfois humoristique, pour des sujets éminemment sérieux, pour des enjeux extrêmement importants.
Quant à la réalisation, elle est remarquable et on imagine aisément le travail qu’il y a derrière, de choix des rushs retenus, du montage, de la musique. D’un point de vue cinématographique, c’est une pure réussite.
D’une part le film est très optimiste, d’autre part il en découle une critique féroce, mais imparable, du capitalisme, de la mondialisation, des grandes entreprises multinationales, des banques. On sort de la projection pleinement convaincus que la seule solution pour s’en sortir est là!
Vraiment un documentaire incontournable, qu’il vous faut absolument aller voir!
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Le meilleur documentaire de tous les temps ! Un film qui transmet une énergie ultra-positive et qui montre qu’il existe de réelles solutions à nos problèmes économiques, politiques, envirronementaux et sociétaux ! Ce film aurait mérité une bien plus grande exposition. J’ai aussi apprécié le fait que ce film laisse une chance à l’être humain, lui qui est pourtant d’une débilité affligeante et qui n’amène que destruction autour de lui. Excellent article, rien à dire 😉
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il faut que je vois cela. Ton texte est si beau. Je suis très sensible à la question écologique. Je n’aime pas non plus le côté uniquement répressif.. on interdit, cela ne suffit pas. Ce type de documentaire en usant de pédagogie est mille plus salvateur qu’une amende. Dieu seul sait pourtant que l’on voit des comportements inciviques.
Bonne soirée Emilie !! merci pour ce joli partage 🙂 🙂
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Vraiment un beau documentaire qu’il faut absolument voir ! J’avais peur de ne pas être emballée par le film, la question de l’écologie fait toujours un peu peur, surtout au cinéma, mais finalement il ouvre vraiment les yeux sur les possibilités qui nous sont offertes pour ne plus être esclaves du système et réapprendre à se servir de ses mains et de son coeur !
Bonne soirée Frédéric, merci pour ton commentaire ! 🙂
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